Le chamanisme

Qu’est-ce que le chamanisme ?

Le chamanisme n’est pas une pensée ou une religion. Il n’a pas de texte, de hiérarchie ou de lieu de culte, c’est une forme de croyance primitive.

C’est une pratique rituelle qui provient des sociétés de chasseurs, notamment de Sibérie.

Dans les sociétés qui ont cessé de chasser, si le chamanisme perdure, le rite est détaché du corps de l’animal, mais il lui est toujours marqué de respect par des offrandes… c’est le cas, par exemple, de la tête de porc lors de la cérémonie du Kut (ou Gosa).

C’est une philosophie qui considère que toutes les formes de vie qu’elles soient humaine, animale ou végétale, sont équivalentes en valeur sinon en qualité.

Tous les phénomènes, visibles ou non, incluant les rochers, la pluie, les étoiles, et même les objets faits par les hommes, comme les outils et les maisons ont une âme.

L’univers est divise en un monde d’en haut, un monde du milieu et un monde d’en bas, chacun ayant ses bons et mauvais esprits, dont les chamanes (êtres communiquant avec les esprits) sont les intermédiaires.

Le chamanisme est présent en Sibérie et en Mongolie où il puise ses sources, dans le sud-est asiatique, mais aussi on le trouve en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique et en Australie…

Le chamanisme coréen

Le chamanisme coréen est une croyance ancestrale centralisée autour d’une chamane qui officie les rites de guérison, de prophétie ou de prédiction grâce à des passages en transe. Une des caractéristiques distinctives du chamanisme coréen est qu’il tente de résoudre les problèmes humains en faisant se rencontrer les humains et les esprits.

Qui sont les chamanes ?

Le chamane est celui qui, en transe, communique avec les esprits des morts ou qui rééquilibre les forces de la nature et l’esprit des animaux.

En Corée, la plupart des chamanes sont des femmes. On les appelle les « Mudang » ou « Mansin » (« femme aux mille esprits »).

La société très confucianiste de la dynastie Joseon interdit les rites chamanes et relégua les chamanes au rang le plus bas de la société avec les Kisaengs et les bouchers.

Selon les régions, les « Mudangs » possèdent des caractéristiques propres.

Cette prépondérance des femmes autour et dans le chamanisme dans les sociétés de chasseurs créait un véritable contre-pouvoir, dans un monde où les hommes étaient les maîtres.

Le rituel chamane


Les cérémonies chamanes sont les « kut ». Ils sont organisés pour une famille, ou pour un groupe.

Deux parties forment le « Kut » : la « Mudang » qui, possédée par l’esprit, va prédire la honte ou la mauvaise fortune, et le rite qui accueille les esprits et les vénère afin de les contenter. Les esprits appelés par la « Mudang » peuvent être de toutes sortes, des esprits de la nature, des ancêtres, des esprits protecteurs, parfois cela peut également être des personnages historiques. Ces cérémonies, parfois longues et complexes, comportent souvent chants, musiques et danses. La « Mudang » entre en transe en dansant sur des lames aiguisées, ou en les pressant sur sa langue, ou contre sa poitrine, le tout sans se blesser le moins du monde !

La « Mudang » est généralement possédée successivement par différents esprits alors qu’elle est en transe. Son comportement peut être imprévisible, et hors de toute mesure, elle en sort souvent épuisée et vidée,

Histoire du Chamanisme coréen

Le chamanisme est la plus ancienne « religion » de Corée, venue probablement de Sibérie à la préhistoire.

Il est évoqué, dans les plus anciennes chroniques coréennes, le « Samguk Yusa » et le « Samguk Sagi », et a été longtemps la principale croyance du pays du « Matin Calme ». L’arrivée du bouddhisme, au début de notre ère, puis celle du confucianisme, réduisirent l’influence du chamanisme en Corée, et l’ont modifié.

Considéré comme folklorique et primitif durant l’occupation japonaise, le chamanisme fut vivement réprimé. Mais, le retour aux racines que connaît la Corée en parallèle à son développement matériel a permis la conservation de ces pratiques, considérées comme références culturelles propres.

Rapports entre le chamanisme et les autres philosophies et religions.

Le respect de la nature dans le chamanisme est une valeur qu’il partage avec le bouddhisme. De toute façon, la tolérance du bouddhisme coréen accepte toute autre philosophie ou religion.

Par contre, les principes confucéens virent d’un très mauvais œil les rituels chamanes, et comme le confucianisme donne la préférence aux humains, les « Mudangs » furent reléguées au bas de l’échelle sociale. Aujourd’hui, le bouddhisme et le christianisme représentent environ 60% des croyances en Corée. Le christianisme n’a pas la tolérance du bouddhisme et proscrit toute pratique chamane à ses fidèles.

Le chamanisme inculturé à l’ère moderne

Ce n’est pas une contradiction, car le chamanisme amène en Corée une réponse là où la rationalité échoue. Une malchance persistante, une maladie incurable sont vite considérées comme l’œuvre d’un esprit malfaisant qu’une « Mansui » saura apprivoiser.

Les esprits sont également évoqués pour demander la chance et le succès d’un projet, d’une société, d’une expédition. C’est ainsi que pour la construction d’une maison ou d’un immeuble des rituels chamanes sont fréquemment pratiqués.

L’homme et la femme moderne, à l’approche d’un entretien d’embauche, d’un examen ou d’un mariage, demande à la Mudang ses interprétations de voyance.

Le Coréen équilibre ainsi son développement matériel fulgurant avec ses croyances les plus traditionnelles.