Basée à Séoul depuis 2002, l’équipe de MSF tente de coordonner le travail d’associations locales et de mettre
en place un réseau d’aide médicale et psychologique aux réfugiés nord-coréens.
Fin 1998, après plus de deux ans de présence à Pyongyang, la capitale de Corée du Nord, MSF quitte le pays en claquant la porte, estimant ne plus pouvoir assurer de manière indépendante son assistante médicale et en constatant de graves détournements dans l’aide humanitaire en Corée du Nord. Afin de poursuivre son action, MSF ouvre alors des bureaux à Pékin et à Tokyo, mais pour des raisons d’organisation et d’efficacité, décide finalement de s’installer à Séoul.
Très vite ils se rendent compte de la nécessité de venir aussi en aide aux Nord Coréens se trouvant en Corée du Sud et en août 2003 un programme d’assistance médico-psychologique est mis en place : un médecin et un psychologue arrivent à Séoul et commencent à développer des liens entre la communauté des réfugiés nord-coréens de Corée du Sud et les professionnels de la santé locale.
Une des missions que s’est fixée l’équipe de MSF est de tenter de trouver des financements privés afin de pouvoir prendre en charge le suivi médical et thérapeutique de cas difficiles, car bien qu’un système de couverture médicale existe en Corée du Sud, il est loin de couvrir tous les frais médicaux…
Il faut rappeler, si cela était encore nécessaire, que c’est le régime communiste de terreur et la misère qui prévalent en Corée du Nord, qui poussent de nombreux nord-coréens à fuir leur pays. La plupart d’entre eux le fait par la frontière chinoise dans la Province autonome de YANBIAN. On estime à environ 300 000 le nombre de « réfugiés » dans cette région. La Chine, qui malgré avoir ratifié diverses conventions internationales sur le statut de « réfugié », refuse de reconnaître ce droit à cette population nord-coréenne, et continue de les pourchasser, comme des animaux, en tant que « clandestins ».
Marginalisés, vivant dans la peur d’être pris et renvoyés en Corée du Nord (où ils seront torturés et exécutés), et à la merci des réseaux mafieux des pays tiers, puis après des mois ou même des années d’errance rejoignent enfin la Corée du Sud.
Là, ils sont d’abord interrogés par les services secrets sud-coréens (NIS) pendant environ une semaine, puis sont transférés en centre de réinsertion de HANAWON où pendant deux mois ils reçoivent une « formation » d’adaptation à la vie dans une société démocratique occidentale… ! Au final, le gouvernement coréen leur octroie une prime d’installation de 20 millions de wons (dont environ 50% sera souvent reversée aux passeurs et différentes mafias !), un appartement gratuit pour une durée de 5 ans et une indemnité d’environ 450 000 wons par personne et par mois. Cependant ces aides sont régulièrement remises en question, et les sommes allouées régulièrement sont revues à la baisse ! Enfin après une période probatoire d’un an, chaque réfugié devient citoyen sud-coréen et reçoit un passeport standard.
L’histoire pourrait s’arrêter là ; malheureusement, une fois que ces réfugiés nord coréens ne craignent plus pour leur vie, resurgissent alors les traumatismes liés à leur parcours… c’est ce que les psychologues appellent la période de « décompensation » où « décompression »… La superposition des expériences traumatiques les conduit souvent à des pathologies graves telles que la « dépressions », les tentatives de suicide, l’hyper agressivité ou bien la réclusion.
Le déchirement d’avoir quitté les siens sans espoir d’avoir de leurs nouvelles et sans même savoir s’ils sont toujours vivants, la clandestinité, la traque de chaque instant, l’errance, la différence de niveau de vie, expliquent la détresse dans laquelle se trouvent ces personnes et les difficultés qu’ils rencontrent face à une société sud-coréenne moderne et libérale qui, contrairement aux apparences, a du mal à les accepter ! Des années de guerre froide, de tension politique et militaire ont créé des instincts de méfiance et de rejet. Cet ostracisme les met au banc de la société et les maintient dans des situations de précarité extrême !
Peu de réfugiés nord-coréens trouvent du travail, ou sont embauchés à la moitié du salaire d’un sud-coréen ! Ils travaillent surtout dans les secteurs de la construction et de la restauration, le plus souvent sous forme de « jobs » occasionnels.
C’est dans ce contexte que MSF en collaboration avec des associations locales tente de mettre en place un réseau de médecins et psychologues coréens qui puissent accompagner cette population de réfugiés nord-coréens dans ce difficile chemin vers « l’intégration ».
Un espoir pourtant, car une prise de conscience du problème est en train de naître au sein des autorité sud-coréennes. Preuve en est : une psychologue vient d’être nommée pour la première fois au centre de réinsertion de HANAWON !!